De L'autofinancement du RDPC
exposé présenté par Innocent claude Mbarga
conférence conjointe des sous-sections OJRDPC, OFRDPC,RDPC DU Mfoundi VI à la Colombe
sur le thème
le militant du RDPC et les défis qui l'interpellent.
PRÉLIMINAIRES
Chers invités,
Chers sympathisants,
Chers camarades militants,
En ce jour laborieux de la conférence conjointe des Sous-sections OJRDPC, OFRDPC et RDPC je vous dis mon salut militant.
Avant de passer aux articulations clé de mon propos portant sur l’autofinancement du parti, je voudrais vous proposer, chers camarades, de regarder avec émerveillement les coïncidences de ce jour très particulier. En rapprochant le thème général de cette conférence conjointe et la devise de notre illustre parti des « flammes », je constate avec satisfaction que l’ « unité » rime avec «conjointe » et « progrès » ; avec « autofinancement » et « démocratie » et « décentralisation ».
Mon exposé s’inscrit dans la perspective du progrès envisagé non comme une nouveauté, une mode effervescente, mais nettement comme un devoir de réactualisation, de motivation et de mise en pratique d’une théorie longtemps élaborée depuis 1985 et souvent révisée au cours des années récentes. En ce sens nous restons dans une logique prescriptive (mon précédent orateur l’aura souligné) qui nous invite à nous approprier les informations nécessaires qui explicitent la question de l’autofinancement au sein du Parti, afin d’en garantir une visualisation claire du progrès. Pour reprendre les propos du camarade Secrétaire Général du Comité central René Emmanuel SADI,
« toutes les appréhensions et préoccupations doivent être levées car, il s’agira désormais qu’ensemble, nous traduisions dans les faits la modernité que S.E. Paul BIYA prescrit pour notre parti… »[1]
C’est dire que parmi les nombreuses interpellations de l’heure, l’autofinancement du RDPC nous préoccupe en tant que postulat de départ pour les défis à venir.
Mon propos va se focaliser sur quatre axes prioritaires :
- L’approche définitionnelle de l’autofinancement ;
- Les ressources financières du Parti ;
- La gestion des fonds générés par le Parti ;
- La responsabilité militante dans l’autofinancement pratique.
1.ÉLÉMENTS DÉFINITIONNELS
L’autofinancement est la capacité d’un organisme – ou d’une organisation – à se prendre en charge, à générer lui-même ses ressources financières. C’est donc à la fois une option opératoire et une politique de responsabilisation qui oblige à grande échelle les membres de l’organisation à se soumettre à la rigueur du concept.
Au sein du RDPC, l’autofinancement peut se comprendre à deux niveaux.
Au niveau supérieur du Parti, elle est la prédisposition et la décision du Parti à se prendre en charge grâce à des fonds qu’il produit dans ses différentes chaînes et ramifications. L’autofinancement signifie donc, ici, pour les militants, que la résolution de nos problèmes dépend exclusivement des fonds que nous générons et accumulons pour le financement global des activités du Parti. Dans ces conditions, en l’absence de notre participation active dans le financement du Parti, sa stabilité se déséquilibre, sa morale échoue, à défaut d’être déviée, de la base au sommet, et inversement.
Au niveau de la base, l’autofinancement se conçoit – il doit se percevoir de la même façon – comme la capacité des Organes de base à générer et à gérer les enveloppes financières dues à l’application des articles 29 et 30 du titre IV des Testes de base du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais[2] (on y reviendra tout à l’heure).
En clair, que ce soit au niveau supérieur des politiques générales du Parti ou au niveau particulier inférieur des Organes de base, l’autofinancement du RDPC exige, pour nous chers camarades militants et sympathisants, une connaissance parfaite et approfondie des dispositions financières du Parti qui implique celle des ressources et de la gestion des fonds du Parti.
2. LES RESSOURCES FINANCIÈRES DU PARTI
L’illusion populaire a voulu, par observation et par habitude, que le financement du Parti relevât ni plus ni moins de la compétence de l’élite du Parti. Cette idée s’est répandue et s’est maintenue plus ou moins consciemment par application approximative de l’article 76 du règlement intérieur du RDPC astreignant certaines personnalités membres du Parti à des cotisations annuelles fixées par le Comité Central. Pourtant, à la vérité, les ressources financières du Parti sont établies tout autrement et impliquent la participation de chaque militant, c’est-à-dire celle de tous les militants.
En principe, depuis la première publication des Textes de base du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais en 1985, le titre IV su Statut dans son article 33 relève six (06) sources de revenus :
« Les ressources du Parti et ses organisations annexes proviennent :
1) Des droits d’adhésion,
2) Des cotisations,
3) Des contributions de toutes sortes versées par les membres du Parti ou de ses organisations annexes,
4) Des souscriptions, dons, et legs, et revenus locatifs des biens du Parti,
5) Des produits des œuvres artistiques et des manifestations organisées par le Parti,
6) Des produits de vente des travaux et publications du Parti[3].
Une attention particulière doit se porter aujourd’hui sur les deus ressources urgentes et nécessaires que sont les droits d’adhésion et les cotisations du Parti. Individuellement et sincèrement, interrogeons-nous : depuis combien de temps avons-nous cessé de payer nos droits d’adhésion et de verser nos cotisations ? Le jeune militant d’aujourd’hui, surtout, peut-il dire avec exactitude les taux d’adhésion et de cotisation de sa chapelle politique ?
Il y a là un problème dont les contours historiques de notre nation peuvent fournir des éléments de réponse. En fait la crise économique à obliger les militants de base à la déresponsabilisation en responsabilisant à tort l’élite du Parti. La conséquence immédiate a été que le militant de base s’est résolu à un attentisme décevant contre nature, recevant avec complaisance ses cartes d’adhésion et de cotisation sous la souscription souveraine du supérieur engagé à la conquête d’un titre, d’un statut personnel ou d’un leadership quelconque. A peine le militant de base prenait-il le soin de lire les informations figurant sur la carte qui lui était destinée en lui conférant le droit unique et circonstanciel de choisir son dirigeant instantané.
Chers camarades militants, quand j’ai commencé à militer vers les années 1998, sans avoir lu aucun texte du Parti mais dans une famille active dans le RDPC, je me souviens que sur les cartes d’adhésion figurait (cela figure encore aujourd’hui) un cachet mentionnant 200 f.cfa. Quant aux cartes de cotisations, elles variaient entre 100 f.cfa et 300 f.cfa.
Par un simple calcul, chaque militant en fonction de son Organe devrait donc savoir exactement quelle contribution il doit apporter annuellement qu Parti en attendant que le Comité central nous soumette à de nouveaux taux d’adhésions et de cotisation.[4]
Nous devons savoir que la question des personnalités au sein du Parti ne devrait pas ombrager nos devoirs militants. Même si l’élite du Parti a une part active à prendre dans nos activités et manifestations, sa position sociale ne devrait en aucun cas nous mettre sous son emprise économique. Dans le chapitre V du Règlement intérieur portant sur les Dispositions financières, l’alinéa 1 de l’Article 76 précise clairement afin de lever l’équivoque sur le rôle des uns et des autres :
Sont astreints à une contribution mensuelle dont le montant et les modalités de payement sont fixés par le comité central les membres du Parti (suivants) : Sénateurs, Députés à l’Assemblée Nationale, Président ou membre du Conseil Économique et Social, membre du gouvernement et assimilé, gouverneur de région, chefs de mission diplomatique, consulaire ou économique, secrétaires généraux des ministères et assimilés, directeurs généraux et assimilés des sociétés publiques et parapubliques, Président ou membre des chambres consulaires, Délégués du gouvernement ou maires, membre du Comité Central… [5]
Voilà chers camarades les ressources financières du Parti explicitement établies. Il n’est donc plus le moment de se donner la tête à une confusion opprobre entre le bien public et le bien du Parti ; si notre Parti est appelé, par des voies démocratiques, grâce à sa performance et son expérience, à gérer le bien public, il nous appartient d’abord d’utiliser à bon compte nos ressources financières. Comment y parvenir ?
3. DE LA GESTION DES RESSOURCES FINANCIÈRES DU PARTI
Si la plupart des revenus du Parti peuvent être gérés directement au niveau de l’Organe bénéficiaire, le militant RDPC d’aujourd’hui doit savoir que, dans le Chapitre V du règlement intérieur, la gestion des droits d’adhésion a connu une évolution remarquable, un progrès satisfait pour les militants de base qui constituent le socle du Parti et bénéficient désormais de la plus grande proportion alors qu’il leur a toujours été réservé la plus petite. Cette évolution doit se comprendre avec les nouvelles exigences participatives dans le cadre efficace d’un « militantisme de proximité »[6].
Ainsi, « le produit des droits d’adhésion est intégralement reversé au Comité central »[7] tandis que « le produit des cotisations annuelles du Parti est reparti entre les organes selon les proportions suivantes »[8] (nous proposons ici un tableau comparatif qui visualise les modifications faites entre 1985 et 2008) :
Organes | Proportions prévues en 1985 | Proportions prévues en 2008 |
cellule | 5% | 30% |
Comité de base | 10% | 25% |
Sous-section | 20% | 20% |
Section | 30% | 15% |
Comité central | 35% | 10% |
Tableau comparatif de répartition du produit des cotisations annuelles du Parti
Ce tableau montre bien que la politique d’implication des masses dans la gestion du Parti est une démarche irréversible qui, sur le plan financier, garantit la réussite de l’autofinancement. Reste à orienter le militant sur des voies responsables, capables de lui fournir des possibilités économiques stables. Autrement dit, il s’agit de projeter la
Modernisation du fonctionnement et (la) prise de toutes les mesures devant assurer non seulement la compétitivité du Parti, mais aussi celle de nos organes de base et de nos militants »[9]
4. DE LA RESPONSABILITÉ DU MILITANT DANS LA GÉNÉRATION ET LA GESTION DES RESSOURCES FINANCIÈRES DU PARTI
En mettant en relief le fonctionnement du RDPC depuis les années 1985, un constat décevant est à faire : l’élite du Parti s’étant prononcée, pour des raisons mal fondées, garante des droits de cotisation et d’adhésion de la plupart des militants de base dont elles sollicitaient en permanence les suffrages, ces militants « de première heure » ont perdu le sens de tout engagement politique véritable. Du coup ils ont été transformés en observateurs manipulés, militant sans objectifs précis, sans programme, sans enjeu.
Pourtant, le simple fait qu’un militant décide de son adhésion au Parti en y versant ses cotisations annuelles lui octroie un certain pouvoir de décision en lui donnant l’engouement dans toute activité qu’il entreprend. Se sentant sujet utile, il réalise qu’il participe à la vie du Parti et en assure l’animation comme dans une plate forme associative ou il a des devoirs et des droits. En ce sens, faire ses cotisations c’est se donner le droit de revendiquer au Parti l’application juste de ses idéologies fondamentales ainsi que la redistribution des fonds générés ; c’est en même temps s’assurer que la proportion due à son Organe est employée pour une cause collective non sélective afin que chaque militant en tire profit.
La responsabilité, chers camarades militants, dans la gestion financière du Parti encourage les adhésions et se positionne comme un motif de séduction politique ; elle encourage aussi, si l’on se réfère à l’Article 29 (Nouveau de 2008), les initiatives artistiques, créatives et intellectuelles, collectives et individuelles, susceptibles de mettre les militants sous le statut heureux et honorable de producteur plutôt que celui de consommateur.
Enfin, la responsabilité du militant à l’ère de l’autofinancement pratique interpelle a priori la jeunesse du Parti qui souffre à se voir souvent, sinon toujours, aux périphéries de l’action politique parce qu’elle manque d’arguments financiers. Chers Camarades, sachons que nous avons aussi notre part de responsabilité dans ce qui nous arrive. Qui a dit qu’on ne peut pas se passer des méthodes ridicules de ceux là qui nous considèrent comme leurs pions ? Notre engagement à verser nos cotisations témoignera de notre détermination à moderniser définitivement notre Parti car, à contribution proportionnellement égale, tous les militants, jeunes, femmes et hommes sont soumis à une égalité des chances dans la quête des responsabilités et du leadership.
CONCLUSION
CHERS CAMARADES, la mise en pratique de l’autofinancement au sein du Parti est donc assurément un défi qui nous interpelle face aux exigences de la modernité. Nous devons nous départir des illusions entachées qui nous ont longtemps fait accroire que nous, militants de base, sommes spectateurs – on pourrait dire marionnettes – de l’élite qui joue de notre ignorance et de notre irresponsabilité pour jouer sa carte politique.
L’autofinancement théorique appréhendé aujourd’hui comme une plate forme associative, active et interactive, suggère aux militants que nous sommes la voie pratique d’une société génératrice de ses moyens de fonctionnement dont il faut se mettre à la mesure responsable de gestion. Une gestion participative aussi, juste, responsable car, la concrétisation de l’autofinancement doit rendre lucide chaque militant qui saura désormais que le bien public n’est pas celui du Parti et que les deux ne sauraient se réduire à la propriété d’un individu ou d’un groupe d’individus ciblés.
Notre Parti, chers camarades, en prêchant par le bon exemple, s’épargnerait certaines hontes inoubliables si tous et chacun avaient compris que l’autofinancement est une nécessité, une urgence de la modernité. Comme le soulignait le président national du Parti, je veux me convaincre avec vous que
Nous avons constaté qu’au milieu des épreuves nous avons posé les bases d’une nouvelle société politique, plus libre ; plus juste ; plus représentative, plus respectueuse des droits de l’homme…Enfin, nous avons engagé le Parti dans la voie de la modernisation et d’une meilleure symbiose avec le peuple par le militantisme de proximité »[10]
[1] Propos tenu lors de la Rencontre avec le Bureau National de l’OJRDPC, le 12 avril 2008 au Palis des Congrès de Yaoundé.
[2] Testes de base du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, 2008, p.33.
[3] Testes de base du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, 1985, pp. 18-20 ou Testes de base du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, 2008, Article 29, p.33
[4] A ce sujet lire Testes de base du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, 2008, Titre IV, Article 29, Alinéa 2, p.33
[5] Testes de base du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, 1985, Chapitre V, Article 81, p.102
[6] S.E. Paul BIYA, Discours d’ouverture du 2ème Congrès Extraordinaire du 7 juillet 2001 au Palais des Congrès de Yaoundé.
[7] Testes de base du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, 1985, Chapitre V, Article 79, p. 102
[8] Testes de base du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, 2008, Chapitre V, Article 71, p.91.
[9] René Emmanuel SADI, propos tenu lors de la Rencontre avec le Bureau National de l’OJRDPC, le 12 avril 2008 au Palais des Congrès de Yaoundé.
[10] S.E. Paul BIYA, Discours d’ouverture du 2ème Congrès Extraordinaire du 7 juillet 2001 au palais des Congrès de Yaoundé.